Honte de ne pouvoir m'exprimer autrement que par des lacérations --- frapper mon corps ---éprouve grand soulagement après --- expulser de grandes angoisses ---agressivité retournée contre moi --- Hématomes sur tout le corps --- rage contre moi --- peur - douleur - colère - garder tout en soi --- pas possible de le dire --- je n'arrive pas à comprendre la signification de ces gestes ---
Image Autoportrait à l'oreille bandée(1889) - Auteur Vincent Willem Van Goth(1853-1890) - Domaine Public
Notre avis
Se faire souffrir :
L’automutilation, un cri étouffé ! Contre la souffrance de ne pouvoir crier, l'automutilation veut prouver qu'on peut souffrir sans crier, un moyen de " se montrer " sa souffrance profonde muette, obligée. Souffrir en silence paraît être plus méritant que crier sa souffrance.
Dans l'obligation d'oublier pour pouvoir survivre quand la mémoire revient et de peur d'oublier de nouveau, il faut laisser une trace (cicatrices) par la blessure infligée. Ceci ne dure que le temps d'un ’’éclair’’ mais la survie impose pourtant l'oubli, c'est pourquoi après l'acte on ne comprend plus comment cela s'est fait.
Causes de l’auto…mutilation :
Chacun ayant un vécu différent, on ne peut généraliser les causes de l'automutilation. Sa source est toujours dans une situation vécue mais oubliée, qui revient sous forme de pulsions aussi rapides que l'acte en lui-même.
On en ressort surpris, épuisé, et surtout détendu ! Le " bien-être " ressenti est anéanti par la peur d'une prochaine fois.
Étant une " pulsion ", on ne peut prévoir la gravité de la prochaine n'ayant pas connaissance de la source de cette pulsion.
Image Flagellation du Christ - Auteur Peters Paul Rubens - Domaine Public
La rage et la douleur sont dues à l'incapacité à réagir autrement contre l'événement que pourtant, on semble ignorer complètement.
Psychanalyse et automutilation :
Le travail du psychanalyste consiste à accompagner la personne dans la recherche de cet événement. Les émotions qui déclenchent aujourd’hui ces pulsions sont identiques à celles vécues dans l'événement passé, c'est de " là " qu'on peut en trouver l'origine. Il y a toujours un déclencheur à cet acte qu'il faut savoir dénicher pour en accélérer la recherche.
Les coups portés contre soi, balafre sur la figure, cicatrice qu'on veut se refaire , coups qu'on veut se remettre,etc., sont souvent des blessures subies dans l'enfance sans aucune raison apparente, coups et blessures gratuites. Punching-ball ! L’enfant a reçu le problème de l'autre sans y être en quoique ce soit responsable.
Automutilation : ça part et ça revient
C'est toujours là ! C’est sur une situation similaire (qu’on sent mais qu'on ne voit pas venir) à celle vécue anciennement mais oubliée, qu'aujourd'hui il y a cette réaction violente contre soi.
L'automutilation : est-ce aussi une réaction à la " pensée " tellement insoutenable dans une situation impossible à gérer qu’un être cher puisse souffrir sans qu’on ne puisse réagir ?
Image Le Christ couronné d'épines (vers 1420) - Auteur Fra Angelico(1395-1455) - Domaine Public
Quelques hypothèses :
- être traité d'incapable alors qu'un interdit d'agir est posé par celui qui nous en accuse et crie à " tous vents " cette incapacité.
- Être rejeté pour son physique
- S’infliger la blessure que l’on porterait sur l’autre s’il était conscient du mal qu’il nous fait.
- Poser sur son corps la souffrance à voir l’autre souffrir
- Se punir de ne pouvoir réagir, s’infliger la punition que l’autre n’ose donner
- Se mettre avec l’autre contre soi-même
- Remettre sur son corps ce qui est impossible d'exprimer car trop difficile à entendre
La blessure psychique reçue que l'on rematérialise sur soi-même par une blessure physique , ce qui peut expliquer ce soulagement psychique ressentie après l'acte ( c'est comme s'être "vidé "de cette souffrance psychique).
Image Femmes Mobali (Nord du Congo)" dites à plateaux" - Avant 1910 - Domaine Public
La morale impose l'interdiction de réagir physiquement contre l'autre contre son agression psychique